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Sur le minaret blanc de Sidi Salem, sur la crête des dunes de Tréfaouï, d’Allennda et de Débila, les dernières lueurs violettes se sont éteintes. Maintenant, tout est uniformément bleu, presque diaphane, et les coupoles arrondies et basses se confondent avec les sommets arrondis des dunes, de proche en proche, comme si la ville s’était étendue soudain jusqu’aux confins extrêmes de l’horizon.

La nuit d’été achève de tomber, sur la terre qui s’endort… Les femmes au costume de jadis sont rentrées dans les ruelles en ruines, et le grand silence lourd, que quelques rumeurs humaines étaient venues troubler pour un très court instant, descend de nouveau sur El Oued…

Le Sahara immense semble reprendre son rêve mélancolique, son rêve éternel.


Deux années plus tard, il m’a été donné, pendant des mois, d’assister chaque jour aux joies douces des aurores et aux apothéoses des soirs, jamais semblables… Chaque reflet revenant tous les soirs sur tel pan de mur, chaque ombre s’allongeant au même endroit et à la même heure, chaque dôme de la ville et chaque pierre des cimetières, tous les plus humbles détails de cette patrie d’élection, aimée profondément, me sont devenus familiers et restent maintenant présents à mon souvenir nostalgique d’exilé.

Mais jamais plus, l’âme du Pays du Sable ne