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Page:Eberhardt - Dans l’ombre chaude de l’Islam, 1921.djvu/226

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La nuit était froide, et je dus accueillir, sans trop de mécontentement, un petit chevreau qui s’obstinait à se glisser sous mon burnous et se couchait contre ma poitrine, répondant par des bourrades de son front têtu à toutes mes tentatives d’expulsion.

Fatigués d’avoir beaucoup erré dans la journée, nous nous endormîmes bientôt, malgré les hurlements lugubres du vent dans le dédale des dunes et le petit bruit continu, marin, du sable qui pleuvait sur notre tente.

Tout à coup, nous fûmes à nouveau réveillés en sursaut, sans pouvoir, au premier moment, nous rendre compte de ce qui arrivait, mais écrasés, étouffés sous un poids très lourd : une rafale plus violente avait chaviré notre tente, nous ensevelissant sous ses ruines. Il fallut sortir, ramper à plat ventre, péniblement, dans la nuit noire où le vent froid faisait fureur, sous un ciel d’encre.

Impossible ni de remonter la tente dans l’obscurité, ni d’allumer notre petite lanterne. Il pouvait être trois heures déjà, et nous préférâmes nous coucher, maussades, à la belle étoile, en attendant le jour. Aly dut encore extraire à grand-peine quelques couvertures et quelques burnous de dessous la tente, et il fallut aussi sauver les chèvres qui gémissaient et se débattaient furieusement.

Étouffant dans mon burnous sur lequel le sable continuait