Un hennissement joyeux me tira de ces réflexions : mon cheval s’était approché d’un fourré très épais et très vert et, la tête enfoncée dans les branches, semblait flairer quelque chose d’insolite.
… Entre les buissons, il y avait un de ces « hassi » nombreux du Sahara, perdus souvent en dehors de toutes les routes, puits étroits et profonds, que seuls les guides connaissent.
La végétation presque luxuriante de la vallée s’expliquait par la présence de cette eau à une faible profondeur.
Je me mis en devoir de puiser, au moyen de ma bouteille attachée au bout de ma ceinture.
Soudain j’entendis une voix qui disait, tout près derrière moi :
— Que fais-tu là, toi ?
Je me retournai : devant moi se tenaient trois hommes bronzés, presque noirs, en loques, portant leur maigre bagage dans des sacs de toile et armés de longs fusils à pierre.
— J’ai soif.
— Tu t’es égaré ?
— Je campe non loin d’ici avec des Rebeïa, des Souafa, des bergers…
— Tu es musulman ?
— Oui, grâce à Dieu !
Celui qui m’avait adressé la parole était presque un vieillard. Il étendit la main et toucha mon chapelet.