Aller au contenu

Page:Eberhardt - Dans l’ombre chaude de l’Islam, 1921.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une « lefaâ » (vipère à corne) et courut au bordj : la vieille belle-mère du gardien, une Riria (originaire de l’oued Rir), savait guérir toutes les maladies — celles du moins que Dieu permet de guérir.

Le gardien était parti pour El Oued avec son fils, et le bordj était resté à la garde de la vieille Mansoura et de sa belle-fille déjà âgée, Tébberr. Vers le soir, Hama Srir ne souffrait presque plus et il quitta le bordj, pour aller rejoindre son frère dans le chott Bou Djeloud. Mais il avait un peu de fièvre et il voulut boire. Il descendit à la fontaine, située au bas de la colline rougeâtre et dénudée de Stah el Hamraïa.

Là, il trouva l’aînée des filles du gardien, Saâdia, qui avait treize ans et qui, femme déjà, était belle sous ses haillons bleus. Et Saâdia sourit au nomade, et longuement ses grands yeux roux le fixèrent.

— Dans quinze jours, je reviendrai te demander à ton père, dit-il.

Elle hocha la tête.

— Il ne voudra jamais. Tu es trop pauvre, tu es un chasseur.

— Je t’aurai quand même, si Dieu en a décidé ainsi. Maintenant remonte au bordj, et garde-toi pour Hamra Srir, pour celui que Dieu t’a promis.

Amine !

Et lentement, courbée sous la lourde « guerba » en