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Page:Eberhardt - Dans l’ombre chaude de l’Islam, 1921.djvu/343

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notes sur isabelle eberhardt

de sa confrérie, fut blessée d’un coup de sabre par un fanatique, Abdallah ben si Mohamed ben Lakbdar, qui ne sut expliquer son crime que par l’impulsion divine.

À la veille du procès de Constantine, la Dépêche Algérienne, qui suivait attentivement cette affaire, publia en date du 18 juin, une nouvelle lettre d’Isabelle Eberhardt :

Marseille, le 7 juin 1901.

…Je viens vous remercier très sincèrement d’avoir bien voulu insérer ma longue lettre du 29 mai dernier : je n’en attendais pas moins de l’impartialité bien connue de la Dépêche Algérienne, qui a toujours fait preuve d’une grande modération au milieu des violences qui sont malheureusement devenues une sorte de règle de conduite pour certains organes algériens.

Cependant, Monsieur, en ce moment où le séjour des étrangers en Algérie est devenu une question d’actualité, il me semble que j’ai non seulement le droit, mais même le devoir de donner quelques explications publiques et franches à tous ceux qui ont pris la peine… de lire ma première lettre.

…Vous m’avez fait l’honneur tout à fait immérité, et que je ne tiens pas à mériter, de m’attribuer une certaine influence religieuse sur les indigènes du cercle de Touggourth. Or, je n’ai jamais joué ni cherché à jouer aucun rôle politique ou religieux, ne me considérant nullement comme ayant ni le droit, ni les aptitudes nécessaires pour me mêler de choses aussi graves, aussi compliquées que les questions religieuses dans un pays semblable.

En 1899, avant de partir pour Touggourth, je crus de mon devoir d’aller personnellement informer de mon départ le lieutenant-colonel Fridel, alors chef du cercle de Biskra.

Cet officier, qui me reçut fort bien, me demanda, avec une franchise toute militaire, si je n’étais pas anglaise et méthodiste, ce à quoi je répondis en présentant au chef du cercle des documents établissant irréfutablement que je suis Russe et parfaitement en règle vis-à-vis des autorités