Page:Eberhardt - Pages d’Islam, 1920.djvu/13

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coup l’attention sur une certaine mentalité locale qui devra s’améliorer dans l’intérêt même de la colonie.

L’acceptation franche de l’indigène musulman — que nous savions bien rencontrer en Afrique — présente encore un autre avantage : elle hâte notre retour à la bonne santé coloniale, nous libère des préjugés originels, ramène l’ordre et le calme dans la conscience, si jamais la conscience moderne avait pu être troublée par les scrupules et les responsabilités de la conquête.

Forcément nous avons eu des torts envers des occupants qui ne nous appelaient pas, quand nous avons disposé à notre gré de leur pays, en vue d’une fin mystérieuse même pour nous à l’origine, et qui, de toute façon, ne pouvait pas paraître immédiatement juste et désirables à ceux dont nous prenions la place. Ces torts, nous les réparons en partie par une culture plus intense, mais nous ne serons vraiment en paix avec nous-mêmes que du jour où la sympathie remplacera l’antipathie. Il serait donc à souhaiter qu’on s’habituât le plus tôt possible à respecter l’indigène, à reconnaître la bienfaisance de sa collaboration, à vouloir loyalement l’association de ses intérêts et des nôtres, sans poser à ce marché avantageux pour nous des conditions inacceptables pour l’autre partie, sans prétendre à changer le cœur du