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de « La Mère du Soldat », par les soirs de « fièvre tafiatique » elle a respire non seulement la tabagie sombre et les relents du concert mais la nostalgie des « heimatlohs. »

Et pourtant, quand elle croit s’attacher passionnément, entièrement, aux choses du bled, une ancienne romance pleure au loin, et dans ces courts moments de faiblesse et de déroute sa profonde pensée d’exil s’exprime par les mots les plus usuels et les naïves couleurs de l’imagerie sentimentale.

Alors, sous le manteau bédouin dont elle si enveloppe, on retrouve la jeune slave élevée à Genève par un vieil ami de Tolstoï et de Herzen, ce doux et farouche Alexandre Trophimowsky, son tuteur et son père, quelquefois philosophe et souvent jardinier qui, dans les terres rapportées de la « Villa Neuve », s’essayait patiemment à la libre culture des palmiers et des plantes tropicales sur les bords du Léman. — Et cette jeune fille du lac n’est pas moins vraie que l’amazone des sables.


Victor Barrucand.