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quelques pieds de jasmin, seul luxe de cette singulière demeure.

Alentour c’était le prestigieux décor de collines et de vallons verdoyants sertissant, comme un joyau, la blanche Annéba[1]. Autour de la maison de Si Abd-es-Sélèm, les koubbas bleuâtres et les blancs tombeaux du cimetière de Sid-el-Ouchouech se détachaient en nuances pâles sur le vert sombre des figuiers.

… Le soleil s’était couché derrière le grand Idou’ morose, et l’incendie pourpre de tous les soirs d’été s’était éteint sur la campagne alanguie.

Si Abd-es-Sélèm se leva.

C’était un homme d’une trentaine d’années, de haute taille, svelte, sous des vêtements larges dont la blancheur s’éteignait sous un burnous noir.

Un voile blanc encadrait son visage bronzé, émacié par les veilles, mais dont les traits et l’expression étaient d’une grande beauté. Le regard de ses longs yeux noirs était grave et triste.

Il sortit dans la cour pour les ablutions et la prière du Magh’reb.

— La nuit sera sereine et belle, et j’irai réfléchir sous les eucalyptus de l’oued Dheheb, pensa-t-il.

  1. Bône.