Page:Eberhardt - Pages d’Islam, 1920.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

garde rien pour elle… Elle est devenue aussi douce que l’agneau qui joue près de sa mère et l’innocence de sa vie la met à l’abri de tous les maux… Dieu pardonne nos péchés et ceux de tous les musulmans !

Le vieil homme se tut, mais le regard pensif de ses yeux d’ombre fixé sur la derouïcha disait peut-être ce qu’avaient tu ses lèvres…

Quand elle eut mangé et loué Dieu, malgré les instances des femmes, mère Kheïra se leva, reprit son bâton et sortit dans la nuit d’épouvante et de tempête, l’âme éteinte, insensible désormais aux agitations et aux passions humaines, comme à la morsure du vent et à la menace des ténèbres.