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LE MARABOUT


Les parois rouges de la montagne enserraient la vallée profonde et la brousse sombre tapissait les gorges et les fissures déchiquetées que les oueds tumultueux de l’hiver creusent dans le roc. Des oliviers sauvages, tordus et d’aspect maussade, de grands lentisques à ramure raide et immobile, au feuillage métallique, jetaient leur ombre bleue sur la terre raboteuse et dure. Au fond de la vallée, l’Ansar-ed-Dêm (la Source de Sang) jaillissait d’un creux d’obscurité, dans un fouillis de roches brisées, de stalactites dorés où, entre les mousses noires et les fougères graciles, l’eau souterraine, laissait des coulées de rouille. Parfois, à l’aube, les bergers trouvaient dans l’herbe foulée et sur la rive humide du ruisseau les traces puissantes des nefra (batailles) nocturnes ; les panthères et les hyènes venaient boire là et des querelles éclataient terribles et sournoises, entre les grands rôdeurs de l’ombre.

Sur le versant occidental des montagnes qui ferment la vallée, une forka (fraction de tribu)