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Ces bédouins loqueteux, durs à la détente quand il s’agissait de donner des douros, loquaces quand ils se défendaient, irrésolus mais entêtés, le caïd ne voyait en eux qu’un vil bétail bon à mener durement et à exploiter autant que possible. Pour eux, il ne sentait aucun sentiment fraternel et il avait la naïveté étonnante et quelque peu ridicule de les considérer comme des sauvages, des êtres d’une tout autre race

D’une servilité plate vis-à-vis des autorités, le caïd Salah était hautain envers les pauvres, ses administrés. Par cette dureté envers ceux qu’il appelait dédaigneusement et avec une belle inconscience, les « Arabes », et par sa servilité, il espérait obtenir ce qu’on a le tort d’appeler les honneurs : les décorations et, qui sait, peut-être un jour un aghalik quelconque.

Dès son entrée en fonctions, dès sa première rencontre avec Sidi Bou Chakour, le caïd sentit que le marabout serait son adversaire acharné. Selon son habitude, il s’empressa de dénoncer à son administrateur et même à Alger, le marabout comme « animé d’un très mauvais esprit à l’égard de notre domination ».

Mais on savait à quoi s’en tenir sur les aptitudes policières du caïd, et le marabout fut laissé en paix.

Toutes les fois que le caïd essayait d’intervenir dans les affaires de la forka des Ouled