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LE PORTRAIT DE L’OULED-NAÏL


Exposé aux regards curieux des étrangers, dans toutes les vitrines de photographes, il est un portrait de femme du Sud au costume bizarre, au visage impressionnant d’idole du vieil Orient ou d’apparition… Visage d’oiseau de proie aux yeux de mystère. Combien de rêveries singulières et peut-être, chez quelques âmes affinées, de presciences de ce Sud morne et resplendissant, a évoquées ce portrait d’« Ouled-Naïl » chez les passants qui l’ont contemplé, que son effigie a troublés ?

Mais qui connaît son histoire, qui pourrait supposer que, dans la vie ignorée de cette femme, d’un ailleurs à la fois si proche et si lointain, s’est déroulé un vrai drame humain, que ces yeux d’ombre, ces lèvres arquées ont souri au fantôme du bonheur !

Tout d’abord, cette appellation d’« Ouled-Naïl » appliquée au portrait d’Achoura ben Saïd est fallacieuse : Achoura, qui existe encore sans doute au fond de quelque gourbi bédouin, est issue de la race farouche des Chaouïya de l’Aurès.