Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t2, trad. Délerot.djvu/406

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mystérieux ; ami d’enfance du prince des Asturies ; repoussé avec lui, récompensé par un riche emploi en Amérique. — Le Prélat Isidore. (Voir plus haut le frère Isidore.)

Cette liste ne nous conduit pas encore à la fin de la première partie, mais les principaux personnages sont introduits. Nous quittons notre héros au moment où il se rend en Amérique, exilé avec honneur. Sur ce nouveau théâtre paraissent de nouveaux personnages, dont le lecteur fera facilement connaissance. À son retour en Europe, il retrouvera les figures qui lui sont familières. — C’est pour nous-même que nous avons dressé cette liste, afin d’éclaircir les difficultés que présente la lecture de l’ouvrage ; quatre personnes prennent successivement la parole ; le voyageur, l’auteur du manuscrit d’Ainhoa, un solitaire et un soldat chevalier. Tous parlent à la première personne. L’auteur a ainsi l’avantage de leur faire raconter les événements qu’ils ont vus eux-mêmes, et nous entendons des récits, faits par des témoins oculaires, qui retracent la curieuse série des révolutions d’un grand empire depuis 1788 jusqu’au jour présent. Ces récits ne sont pas donnés successivement ; ils sont mêlés les uns aux autres, ce qui exige une grande attention de la part du lecteur. Dès que l’on s’est retrouvé au milieu des événements, on peut admirer les narrations de l’auteur et on applaudit à la liberté avec laquelle son regard parcourt les affaires de ce monde. En même temps poëte et orateur, il met dans la bouche de chaque personnage les arguments les plus énergiques, les plus clairs, propres à démontrer la justesse de la cause que sert chacun d’eux ; ces discours opposés servent à révéler des esprits violemment séparés ; si la confusion est assez inextricable, elle n’a pas de résultats fâcheux pour la peinture des caractères. Ainsi, dès le commencement de l’ouvrage, le nom de Napoléon n’est cité que pour être couvert d’injures ; cependant, dès qu’il se montre en personne pour diriger une bataille, le prince et le général apparaissent en lui sous le plus beau jour.

On doit bien penser que les journaux français ne pouvaient garder le silence à l’apparition d’un ouvrage de ce genre ; le Constitutionnel fait un éloge sans réserves ; le Journal des Débats emploie une méthode de critique qui n’est pas sans malveillance ; il énumère les qualités nécessaires à l’écrivain qui entreprenait ce livre, et parmi ces qualités il en cite d’impossibles et de contradictoires ; cependant il assure que l’ouvrage est mauvais parce