Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t2, trad. Délerot.djvu/411

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découvrir une conspiration. Il est extrêmement intéressant de voir aussitôt chacun des employés, suivant son caractère et son grade, peser d’une façon plus ou moins lourde sur le prisonnier. Plus la situation est horrible, plus on a de bonheur à voir briller sous ces voûtes obscures, comme une pâle et tremblante étoile, une étincelle d’humanité.

La Morgue (par Léon Gozlan). — Tel est le nom donné au vieux monument dans lequel on expose les cadavres inconnus, noyés et autres. Que de fois nous a-t-on fait trembler avec des descriptions et des récits de ce funèbre lieu ! Mais ici, ce sont d’attrayants tableaux de la vie qui nous sont présentés. Au-dessus de ces salles où chaque jour se renouvellent des spectacles si affreux vivent, sous le même toit, deux employés ; nous sommes introduits dans leur famille, nous trouvons là des personnes très-convenables, un ménage très-bien organisé, un mobilier modeste, mais soigné et bien tenu, un piano, et quatre jolies jeunes filles, gaies et bien élevées. En quittant ces tableaux qui brillent d’un jour si doux, nous retrouvons, au rez-de-chaussée, les douleurs les plus horribles. Une nourrice, voyageant en diligence, s’endort, et laisse tomber sous les pieds des voyageurs l’enfant qui lui était confié et qu’elle emmenait à la campagne. Elle le ramasse mort. Les mouvements de cette femme, ses paroles, tout est parfaitement reproduit ; elle semble peu à peu s’apaiser ; elle s’éloigne, mais le soir elle est étendue morte auprès de son enfant.

Le Jardin des Plantes (par Barthélémy et Méry). — Poésie de deux poètes alliés ; elle peint avec agrément une visite à ces lieux, consacrés à la vie et à la science.

Le Palais-Royal (par E. Roch) fait contraste avec la paix de la nature que l’on vient de quitter. Cet édifice unique a été des millions de fois visité, mentionné, décrit, et cependant cette peinture conserve et offre un grand intérêt. On est content de savoir quel aspect nouveau présente le Palais-Royal au moment où il s’agrandit et où le possesseur de cette demeure royale la quitte pour en occuper une plus royale.

Une Maison de la rue de l’École-de-Médecine (par Gustave Drouineau). — Du tumulte et du bruit nous sommes conduits dans une maison sans apparence, mais à laquelle sont attachés les plus grands souvenirs. Il arrive de temps en temps que des jeunes gens d’un esprit noble et vif ne trouvant dans le présent rien qui