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n’est certes pas là un homme ; mais, à cause de son érudition variée et de ses grands mérites, il faut lui pardonner quelque chose. »

Mercredi, 25 avril 1827.

Dîné chez Goethe avec M. le docteur Lassen. Schlegel a diné encore aujourd’hui à la cour. M. Lassen a déroulé ses connaissances sur la poésie indienne, ce qui paraissait être très-agréable à Goethe, qui pouvait ainsi compléter les idées fort incomplètes qu’il possède sur ce sujet. — Le soir, je suis retourné quelques instants chez Goethe, il m’a dit que Schlegel, à la tombée du jour, était venu et avait eu avec lui, sur la littérature et l’histoire, un entretien très-instructif. « Il n’y a qu’à ne pas chercher des raisins sur les épines et des figues sur les chardons, a-t-il dit, et alors tout est parfait. »

Jeudi, 3 mai 1827.

La traduction très-heureusement réussie des œuvres dramatiques de Goethe par Stapfer a été l’an dernier jugée dans le Globe[1], à Paris, par M. J. J. Ampère, d’une façon non moins excellente, et ce jugement a fait tant de plaisir à Goethe qu’il en reparle très-souvent, et en expose très-souvent les mérites. « Le point de vue de M. ampère, dit-il, est très-élevé. Les critiques allemands, dans des occasions semblables, aiment à partir de la philosophie ; leur examen et leur discussion de l’œuvre poétique sont tels que leur commentaire explicatif n’est intelligible qu’aux philosophes de l’école à laquelle ils appartiennent ; quant aux autres lecteurs, l’explication est

  1. Dans les numéros du 29 avril et du 20 mai 1826. Ce travail remarquable a été traduit par Goethe. Il a été réimprimé par M. Ampère dans le premier volume de Littérature et Voyages (p. 169).