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Il était inépuisable en mots pleins de sens ; il me parla beaucoup de la seconde partie de Faust, à laquelle il commençait à travailler sérieusement ; mais malheureusement je n’ai noté sur mon journal que ce que je viens d’écrire.

Mercredi, 26 septembre 1827.

Ce matin Goethe m’avait invité à une promenade en voiture ; nous devions aller à la pointe d’Hottelstedt[1], sur la hauteur occidentale de l’Ettersberg. La journée était extrêmement belle. En montant la colline, nous ne pouvions marcher qu’au pas, et nous eûmes occasion de faire diverses observations. Goethe remarqua dans les haies une troupe d’oiseaux, et il me demanda si c’étaient des alouettes. « grand et cher Goethe, pensai-je, toi qui as comme peu d’hommes fouillé dans la nature, tu me parais en ornithologie être un enfant !… — Ce sont des embérises et des passereaux, dis-je, et aussi quelques fauvettes attardées qui, après leur mue, descendent des fourrés de l’Ettersberg dans les jardins, dans les champs et se préparent à leur départ ; il n’y a pas là d’alouettes. Il n’est pas dans la nature de l’alouette de se poser sur les buissons. L’alouette des champs ainsi que l’alouette des airs monte vers le ciel, redescend vers la terre ; en automne, elle traverse l’espace par bandes et s’abat sur des champs de chaume, mais jamais elle ne se posera sur une haie ou sur un buisson. L’alouette des arbres aime la cime des grands arbres ; elle s’élance de là en chantant dans les airs, puis redescend sur la cime. Il y a aussi une autre alouette que l’on trouve dans les lieux solitaires, au midi des clai-

  1. C’est le point le plus élevé des environs de Weimar.