Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t1, trad. Délerot.djvu/467

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maîtres de fabriques seulement, par suites de fausses vues en chimie ! Les arts industriels sont loin d’être aussi avancés qu’ils le devraient. Ce savoir, trouvé dans des livres et dans des classes, cette expérience reçue et transmise à l’aide de cahiers de professeurs que l’on copie sans cesse, voilà les causes du petit nombre de découvertes vraiment utiles que les siècles ont à nous donner. Oui, si aujourd’hui, le 28 février 1809, le vieux et respectable moine anglais Bacon sortait de la mort et venait dans mon cabinet me demander bien poliment de lui communiquer les découvertes que nous avons faites dans les sciences et dans les arts, depuis qu’il a quitté le monde, je resterais honteux devant lui, et je ne sais vraiment quelle réponse je ferais au bon vieillard. Si j’avais l’idée de lui montrer un microscope solaire, il me montrerait bien vite un passage de ses écrits où il met sur le chemin de cette découverte. Si je lui parlais des montres, il dirait tout tranquillement : « Oui, c’est bien cela ! page 504 de mes écrits, vous trouverez un passage qui traite en détail de la fabrication possible de ces machines, aussi bien que du microscope solaire, et que de la chambre obscure. » — Et le pénétrant moine, après avoir passé en revue toutes nos inventions, me quitterait peut-être en me disant : « Ce que vous avez fait pendant tant de siècles n’est pas précisément considérable. Plus de mouvement donc ! Je vais de nouveau dormir, et dans quatre siècles je reviendrai, pour voir si vous dormez aussi, ou si vous avez en quelque science fait quelque progrès. »

« Chez nous, en Allemagne, tout va avec une belle lenteur. Il y a vingt ans, quand j’ai émis la première idée de la métamorphose des plantes, les juges de cet écrit n’ont su rien faire autre chose que vanter la sim-