Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t1, trad. Délerot.djvu/64

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dernière rédaction, il est possible aussi qu’il soit bon de faire çà et là quelques suppressions ou quelques corrections sans altérer le caractère de l’ensemble. »

Je lui répondis que je m’essayerais très-volontiers sur ce travail, et que mon vœu le plus vif était de réussir à son gré.

« Quand vous aurez commencé, vous verrez, dit-il, que ce travail est comme fait pour vous ; cela ira tout seul. »

Il me dit alors qu’il allait passer l’été à Marienbad, qu’il désirait me voir rester à Iéna jusqu’à son retour. « Je me suis occupé d’un logement, ajouta-t-il, et j’ai pris tous les soins nécessaires pour que vous ayez là toutes vos aises. Vous trouverez tous les secours que vos études réclament, vous aurez des relations avec des personnes distinguées, et, de plus, la contrée est si variée, que vous avez bien cinquante promenades différentes à faire, toutes agréables et presque toutes très-favorables à la réflexion solitaire. Vous aurez ainsi le loisir et l’occasion d’écrire du nouveau pour vous-même, et en même temps vous ferez ce que je demande de vous. »

Je n’avais rien à opposer à ces projets. J’acceptai tout avec joie. Son adieu fut encore plus amical que d’habitude, et il me donna rendez-vous au surlendemain pour un nouvel entretien.

Lundi, 16 juin 1823.

Je suis allé, ces jours-ci, plusieurs fois chez Goethe. Aujourd’hui nous n’avons presque parlé que de nos affaires. Je lui ai dit ce que je pensais de ses articles de critique de Francfort, et je les ai appelés « des échos de ses années d’Université ; » cette expression a paru lui plaire, parce qu’elle indique le point de vue sous lequel on doit considérer ces travaux de jeunesse. Il m’a donné