Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t2, trad. Délerot.djvu/145

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il fait des progrès et grandit intérieurement. Un tel talent n’est pas difficile à reconnaître, et un maître l’aperçoit mieux que personne.

« Ce matin, continua-t-il très-gaiement, j’ai visité le Pavillon des Princes[1] ; l’appartement de la grande-duchesse est disposé avec beaucoup de goût, et Coudray avec ses Italiens a donné là une preuve nouvelle de sa grande habileté. Les peintres étaient encore occupés aux murailles ; ce sont des Milanais ; je leur ai parlé tout de suite en italien et j’ai vu que je ne l’avais pas oublié. Ils m’ont raconté qu’ils venaient de peindre le château du roi de Wurtemberg, qu’ils ont été ensuite demandés à Gotha, mais ils n’avaient pu encore s’arranger ; on avait alors entendu parler d’eux à Weimar, et on les avait appelés pour décorer l’appartement de la grande-duchesse. J’entendais et je parlais de nouveau l’italien avec grand plaisir, car dans la langue d’un pays il y a un peu de son atmosphère. Ces braves gens sont depuis trois ans hors d’Italie, mais ils disent qu’en quittant Weimar ils retourneront directement chez eux, après avoir cependant, sur la commande de M. Spiegel, peint un décor pour notre théâtre, ce qui, je le crois, ne vous fâchera pas. Ce sont des gens très-habiles ; l’un est un élève du premier peintre décorateur de Milan, et vous pouvez ainsi espérer de bons décors. »

Après que Frédéric eût ôté le couvert, Goethe se fit apporter un petit plan de Rome. — « Pour nous autres, dit-il, Rome ne pourrait être un lieu de séjour prolongé ; celui qui veut rester là et s’y établir doit se marier et se faire catholique, autrement il n’y peut tenir ;

  1. Partie du château de Weimar.