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vient d’être traduit en français[1] : c’est évidemment parce que le traducteur croit que ce livre, devenu inutile chez nous, peut encore, en France, plaire et être utile à des milliers d’esprits cultivés.


ROMANS ALLEMANDS, TRADUITS PAR T. CARLYLE (1827).

Ce recueil renferme des romans de Musæus, Tieck, Hoffmann, Jean-Paul Richter et Goethe. Les notices écrites sur chacun de ces auteurs sont dignes des mêmes éloges que la biographie de Schiller ; elles méritent d’être traduites par nos journaux et nos revues, ce qui peut-être du reste est déjà fait. Les faits sont exacts et donnent une connaissance suffisante du caractère de l’individu et de l’influence que sa vie a exercée sur ses écrits. L’esprit clair et tranquille de M. Carlyle témoigne encore une fois de l’intérêt qu’il a pris aux commencements poétiques et littéraires de l’Allemagne ; il saisit bien dans son originalité l’effort de la nation ; il met chacun à sa place avec impartialité, et pacifie ainsi ces querelles inévitables dans l’histoire de toutes les littératures. Car vivre et agir, c’est forcément s’engager dans un parti et le défendre. Il ne faut pas blâmer celui qui combat pour conquérir une place, un rang qui, assurant son existence, lui donneront une influence dont il pourra se servir heureusement. Lorsque des luttes viennent pendant longtemps troubler le ciel d’une littérature, l’étranger attend que la poussière retombe, que la vapeur et les nuages se dissipent au loin, et, comme nous, lorsque, dans une nuit claire, nous observons la lune, il contemple alors d’un esprit tranquille ces régions éloignées de lui, et aperçoit nettement leurs ombres et leurs lumières.

Que l’on me permette de joindre ici quelques observations qui sont déjà anciennes ; si l’on trouve que je me répète, j’espère que l’on trouvera aussi que la répétition de ces idées n’est pas sans quelque utilité.

Il est évident que, depuis longtemps déjà, c’est en ayant devant les yeux l’ensemble de l’humanité que travaillent les meil-

  1. Par M. Edgar Quinet. Goethe, en l’annonçant, lorsqu’il parut, recommanda l’introduction comme « faisant naître dans l’esprit de belles réflexions. »