Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t2, trad. Délerot.djvu/518

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Mémoires de l’Académie. Voilà, à ma connaissance, comment, en général, les choses se passaient. Mais l’incident qui vient de se présenter modifiera ces habitudes. Déjà la séance du 19 juillet a vu un conflit s’élever entre les deux secrétaires perpétuels Cuvier et Arago. Jusqu’à présent, on ne donnait dans le procès-verbal qu’une simple indication des titres des mémoires lus, manière de tout apaiser ; cette fois, le secrétaire perpétuel Arago a fait une exception inattendue, il a résumé longuement la protestation de Cuvier. Celui-ci a blâmé cette innovation ; il a dit que cet usage prendrait trop de temps, et, en même temps, il s’est plaint du résumé qu’on venait de lire comme étant incomplet. Geoffroy Saint-Hilaire a rappelé que d’autres académies avaient cette habitude. On lui a répliqué, et enfin on a remis la décision à une autre délibération.

À la séance du 11 octobre, Geoffroy, dans un mémoire sur les formes particulières de la partie postérieure de la tête du crocodile et du téléosaure, a reproché à M. Cuvier d’avoir mal observé. Celui-ci s’est levé, tout à fait contre sa volonté, assure-t-il, mais parce qu’il ne pouvait laisser cette accusation sans réponse. Nous avons eu, ce jour-là, un exemple frappant des grands inconvénients qu’il y a à engager une discussion sur une question générale à propos d’un fait isolé.

C’est à M. Geoffroy que nous voulons laisser le soin de raconter une des séances suivantes. Voici ce qu’il écrit à la Gazette médicale du 28 octobre :

« La Gazette médicale et les autres feuilles publiques ayant répandu la nouvelle de la reprise de l’ancienne controverse entre M. Cuvier et moi, on est accouru à la séance de l’Académie des sciences pour entendre M. Cuvier dans les développements qu’il avait promis de donner sur le rocher des crocodiles. La salle était pleine de curieux ; par conséquent, ce n’était pas de ces zélés disciples, animés de l’esprit de ceux qui fréquentaient les jardins d’Académus, et l’on y distinguait les manifestations d’un parterre athénien, livré à bien d’autres sentiments. Cette remarque, communiquée à M. Cuvier, le porta à remettre à une autre séance la lecture de son mémoire. Muni de pièces, j’étais prêt à répondre. Cependant je me suis réjoui de cette solution. Je préfère à un assaut académique le dépôt que je fais ici du résumé suivant, résumé que j’avais rédigé d’avance, et que j’eusse, après l’impro-