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une journée ; leur famille était partie dès le matin.

— On causa surtout de la littérature anglaise, et de Walter Scott ; à cette occasion Tieck dit qu’il avait, dix ans auparavant, apporté en Allemagne le premier exemplaire de Waverley.

Samedi, 11 octobre 1828.

Le numéro de la Revue étrangère de M. Fraser contenait, parmi beaucoup d’autres choses remarquables et intéressantes, un très-bel article de Carlyle sur Goethe, que j’ai étudié ce matin. — Je me rendis chez lui à midi, un peu avant l’heure de dîner, pour causer de cet article avant l’arrivée des autres hôtes. — Je le trouvai qui les attendait ; il était seul, comme je le désirais. Il portait son frac noir et son étoile d’argent, costume dans lequel j’aime tant à le voir ; il avait aujourd’hui une gaieté toute juvénile, et nous parlâmes aussitôt du sujet qui nous intéressait tous deux. Goethe me dit qu’il avait aussi examiné ce matin l’article que Carlyle avait écrit sur lui, et nous pûmes échanger plus d’une bonne parole sur les travaux qui se faisaient à l’étranger sur nous.

« C’est un plaisir, dit Goethe, de voir comme l’ancienne pédanterie des Écossais s’est transformée en qualités sérieuses et solides. Quand je pense comment les écrivains d’Édimbourg, il n’y a pas encore longtemps, ont parlé de mes œuvres, et que je vois comment la littérature allemande est aujourd’hui appréciée par Carlyle, je suis frappé du progrès considérable qui a été fait. »

« L’intention des travaux de Carlyle me paraît surtout digne de respect, dis-je. Il veut aider au progrès de sa nation, et c’est dans ce but qu’il s’adresse aux œuvres littéraires de l’étranger ; il veut que ses compatriotes les