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Page:Edgar Poe Arthur Gordon Pym.djvu/90

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qu’on n’aperçut que quand il fut à portée de voix. On supposa que ce navire était celui qu’on guettait depuis longtemps. Le second le héla, mais la réponse se perdit dans le mugissement de la tempête. À onze heures, nous embarquâmes par le travers un gros coup de mer, qui emporta une grande partie de la muraille de bâbord et nous fit d’autres légères avaries. Vers le matin, le temps se calma et, au lever du soleil, il ne ventait presque plus.

7 juillet. — Nous avons eu à supporter toute la journée une houle énorme, et le brick, étant peu chargé, a roulé horriblement, et même plusieurs articles dans la cale se sont détachés, comme je pus l’entendre distinctement de ma cachette. J’ai beaucoup souffert du mal de mer. Peters a eu, ce jour-là, une longue conversation avec Auguste, et il lui a dit que deux hommes de son parti, Greely et Allen, étaient passés du côté du second, déterminés à se faire pirates. Il a fait à Auguste plusieurs questions, que celui-ci n’a pas parfaitement comprises. Pendant une partie de la soirée, on s’est aperçu que le navire faisait beaucoup plus d’eau, et il n’y avait guère moyen d’y remédier, car il fatiguait horriblement, et c’était par les coutures que l’eau s’introduisait. On a lardé une voile, qui a été fourrée sous l’avant, ce qui nous a été de quelque secours, de sorte qu’on a commencé à maîtriser la voie d’eau.

8 juillet. — Au lever du soleil une brise s’est élevée de l’est, et le second a fait mettre le cap au sud-ouest pour attraper quelqu’une des Antilles et mettre à exécution son projet de piraterie. Aucune opposition n’est venue de la part de Peters, non plus que du coq, du moins