Page:Edgeworth - Belinde T1 T2.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mant ; à peine puis-je me ressouvenir de m’être amusée à l’opéra, au panthéon, au renelagh, pour le spectacle même. On y va pour voir les gens qui y sont ; après cela on s’ennuie de se montrer, et enfin on sort, parce qu’on ne sait plus rester chez soi. C’est un triste tableau, mais il est vrai.

Je crois, en vérité, que je serais morte d’ennui, si la haine que j’avais pour mistriss Luttridge et pour mon mari ne m’eût fait supporter la vie. Je ne sais pas lequel des deux je hais le plus : je crois pourtant que c’est madame Luttridge : oh, oui ! certainement c’est elle, on ne peut jamais haïr autant un homme qu’une femme, à moins qu’on n’ait eu de l’amour pour lui ; et c’est ce qui ne m’est pas arrivé. — Je ne pourrais pas compter les extravagances que j’ai faites pour éclipser cette odieuse femme. Nous étions en rivalité pour les dîners, pour les bals, pour les concerts, pour les fêtes de toute