Page:Edgeworth - Belinde T1 T2.djvu/408

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Juba prit pour juge le maître de l’auberge ; il soutint avec feu les droits de son maître, et conduisit sa voiture en triomphe dans la remise. Mistriss Freke, qui entendit par sa fenêtre toute la querelle, jura qu’elle ferait repentir Juba de ce qu’elle appelait son insolence : elle fit cette menace assez haut pour que Juba la regardât, étonné qu’une telle voix fût celle d’une femme ; mais, l’oubliant aussitôt, il courut danser, à la mode de son pays, devant la remise, en réjouissance de sa victoire. Mistriss Freke, dont la colère augmenta, répéta trois fois ses menaces, et se retira, en fermant sa fenêtre avec violence. M. Vincent, à qui Juba raconta tout ce qui s’était passé, s’amusa beaucoup de la manière dont il contrefit les gestes de ce qu’il appelait l’homme-femme ; c’est le nom qu’il donnait à mistriss Freke. Quelque temps après, Juba perdit son enjouement : on ne l’entendait plus ni chanter ni siffler, et il