Page:Edgeworth - Belinde T3 T4.djvu/279

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sentimens ; il voyait sa fraîcheur se ternir et son caractère perdre sa gaieté ; son existence semblait devenir un fardeau pour elle. Il craignit alors que ce ne fût l’effet de sa propre imprudence.

Il se reprocha de l’avoir tirée de son obscurité, dans laquelle elle aurait pu trouver le bonheur.

J’ai fait naître, se disait-il, de fausses espérances dans son cœur, et à présent elle est malheureuse ! j’ai gagné sa tendresse, son bonheur dépend entièrement de moi ; et je l’abandonnerai ! Mistriss Ormond m’a dit qu’elle était convaincue que Virginie ne survivrait pas d’un jour à mon mariage avec une autre ; je ne suis pas disposé ordinairement à croire que les femmes meurent d’amour ; et je ne suis pas assez fat pour supposer que le sentiment qu’on a pour moi peut aller jusqu’au désespoir : mais cette jeune fille est d’un caractère naturellement mélancolique, elle a beaucoup de sensibilité,