Page:Edgeworth - Belinde T3 T4.djvu/351

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d’une femme que j’ai aimée long-temps, peut-être plus que vous.

Il y avait quelque chose de si vrai et de si profond dans l’expression d’Hervey, que M. Vincent s’écria d’une voix altérée :

— Vous reconnaissez que vous l’avez aimée ; il est impossible de ne pas l’aimer encore. Vous devez me détester.

Non, lui dit Clarence en lui prenant la main ; je n’ai point la bassesse de vouloir priver les autres du bonheur, parce que je n’en puis pas jouir : ne me redoutez point ; je n’ai aucune prétention sur miss Portman. Je suis engagé avec une autre femme ; dans peu de jours vous entendrez parler de mon mariage.

M. Vincent jeta le pistolet, et serrant la main d’Hervey :

— Pardonnez-moi, lui dit-il, tout ce que le désespoir m’a dicté : votre cœur est trop généreux ; mais vous êtes venu trop tard : je suis ruiné ; j’ai perdu tout