Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/10

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six mois, si ce n’est avec Jemmy M’Doole, le soir où j’eus le malheur de vous rencontrer comme vous veniez de la foire de Ballinagrish. »

M. Somerville ne répondit pas. Il se retourna pour regarder les fenêtres d’une belle auberge neuve où le vitrier était occupé à mettre des vitres.

« Cette auberge n’est pas encore louée, me dit-on, reprit alors M. Cox. Rappelez-vous que vous me l’avez promise l’année dernière.

— Cela n’est pas possible, car je ne songeais pas à bâtir une auberge à cette époque.

— Oh ! je vous demande bien pardon ; mais vous ne voulez pas vous en souvenir. Vous m’avez fait cette promesse en passant près du marais et en présence de Thady O’Conner…. Vous pouvez le lui demander.

— Je ne le lui demanderai pas, assurément, s’écria M. Somerville. Je ne vous ai point fait une telle promesse, et je n’ai jamais songé à bâtir une auberge pour vous.

— Ainsi votre honneur ne veut pas me la louer ?

— Non. Vous m’avez fait une douzaine de mensonges ; je ne veux pas vous avoir pour fermier.

— C’est bien. Dieu vous bénisse ! Je n’ai rien à dire. » Et M. Cox s’en alla, rabattant son chapeau sur ses yeux et murmurant : « J’espère vivre assez pour me venger. »