Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/104

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du pays. Ces pauvres enfants se trouvèrent bien heureux la première fois que la vieille femme les introduisit dans sa cabane, les plaça devant son foyer et leur donna une croûte de pain rassis à manger. Elle ne possédait pas grand’chose, mais ce qu’elle avait, elle le partageait de bon cœur. Son affection pour les orphelins doublait ses forces au travail, et, pour subvenir à leurs besoins, elle ne laissait pas reposer un seul instant son rouet ou son tricot. Elle gagnait encore quelque argent d’une autre façon : quand une voiture venait gravir le Mont-de-Craie, elle la suivait, et, au moment où les chevaux fatigués s’arrêtaient pour prendre haleine, elle glissait des pierres sous les roues de derrière, afin d’empêcher la voiture d’être entraînée sur cette pente rapide et glissante.

C’était un grand bonheur pour les deux enfants de se tenir près du rouet de la vieille pendant qu’elle filait et de causer avec elle. Elle profitait de ces instants pour leur inculquer des principes qui devaient leur servir toute la vie, et elle leur recommandait bien de ne jamais les oublier. Elle leur expliquait ce qu’on entend par la vérité et l’honnêteté ; elle leur apprenait à mépriser la paresse et à chercher à se rendre utile.

Un soir, le petit garçon lui dit :

« Grand’maman (c’était le nom dont elle aimait