Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/158

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Telle était la bonne nouvelle qu’Edmond annonçait à ses sœurs.

Tous les voisins partagèrent la joie de ces honnêtes enfants, et le jour où la petite famille quitta le château de Rossmore pour entrer dans un logement préparé à l’avance fut dans le village un véritable jour de fête. Il n’y eut que de la joie sans aucun mélange d’envie : chacun savait que la prospérité qui arrivait aux orphelins, était due à leur bonne conduite. La mère Tâtonneuse cependant faisait exception ; elle disait avec chagrin :

« Quel malheur ! quel malheur que je ne sois pas venue plus tôt dans le château ! Le hasard m’aurait favorisée, car dans le monde tout n’est que hasard. Voyez ces enfants : parce qu’ils ont trouvé un trésor, ils ont des amis, un beau logement, enfin tout ce qu’il faut : tandis que moi, je n’ai pas seulement une pomme de terre à manger. J’ai passé ma vie à chercher le trésor, et je n’ai pas un sou pour acheter du tabac et de l’eau-de-vie.

— Et c’est bien fait ; répondit Betsy ; Marie avait deux jeunes sœurs sur les bras, et un frère qui pouvait travailler à peine ; elle les a élevés pendant cinq ans, et aujourd’hui, grâce à son économie, elle a encore de l’argent devant elle. Elle a travaillé, elle n’a pas cru au hasard ; tandis que vous…

— Bah ! bah ! je sais bien qu’ils ont trouvé un trésor et que leur prospérité ne date que de là.