Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses huit sous. Si j’avais quatre schellings et six sous, se dit-il, je serais certainement plus heureux. »

Le jour suivant, Jean partit, comme de coutume, avant six heures, pour aller à son travail, tandis que Laurent battait le pavé, ne sachant comment passer son temps. Notre paresseux dépensa en deux jours six sous de pommes et de gâteaux, et, tant que cela dura, il fut bien accueilli par ses compagnons ; mais le troisième jour, comme il avait épuisé sa bourse, quelques noix tentèrent sa gourmandise et il rentra chez son père pour le flatter, ainsi qu’il disait. Lorsqu’il arriva il l’entendit parler très-haut et très-fort, et s’imagina qu’il était ivre ; mais ayant ouvert la porte, il vit qu’il n’en était rien, et que c’était seulement de la colère.

« Chien de paresseux, dit-il en s’adressant à Laurent et lui donnant un coup sur l’oreille ; chien de paresseux, regarde ce que tu as fait ; regarde, regarde, te dis-je. »

Laurent regarda aussi vivement que son apathique nature le lui permit, et, rempli de crainte, d’étonnement et de remords, il aida à ramasser une douzaine de bouteilles du meilleur cidre de Worcestershire répandu par terre.

« Je te donne trois jours pour porter ces bouteilles à la cave, et n’attends pas que je t’aide à mettre les bouchons ! Réponds-moi, vilain paresseux, le feras-tu ?