Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/234

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mestique les amenèrent tous les deux ; Jean reconnut aussitôt la jaquette rouge que portait le valet d’écurie, et jetant ses regards sur son complice, il se dit : « C’est lui, ce doit être lui, le malheureux, ce doit être Laurent. »

À ce moment une grande rumeur s’éleva ; un homme à moitié ivre criait qu’il voulait voir, qu’il avait le droit de voir les voleurs, et que rien ne pourrait l’en empêcher ; il força toutes les résistances, il s’approcha des malfaiteurs et soulevant le chapeau que l’un d’eux avait enfoncé sur ses yeux pour n’être pas reconnu :

« Laurent ! » s’écria le malheureux père, et il s’affaissa sur lui-même, accablé par la douleur.

Laurent se jeta aux genoux de son père, implora son pardon, et confessa toutes les circonstances du crime.

« Si jeune et si méchant ! Qui a donc pu vous pervertir à ce point ?

— Ce sont les mauvaises liaisons, répondit Laurent.

— Où et comment avez-vous fait de mauvaises liaisons ?

— Je ne sais. »

Pendant ce temps, le fermier fouilla les poches de Laurent et en retira l’argent volé à Jean. Les enfants qui étaient présents ne savaient que penser de leur ancien camarade. Les parents se frot-