Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/260

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vêtus, étaient occupés les uns à piquer des épingles sur une feuille de papier pour un épinglier, les autres à tirer des chiffons pour un fabricant de papier.

« Quel horrible réduit ! dit Henri en soupirant ; je ne croyais pas qu’il y eût au monde rien d’aussi triste ; J’avais aperçu souvent des maisons bien misérables en me promenant par la ville dans la voiture de ma mère, mais je n’en avais jamais vu l’intérieur et je n’en connaissais pas les habitants… C’est horrible, en vérité, de penser que ces gens sont obligés de vivre ici. Je voudrais que mère m’envoyât plus d’argent pour que je pusse les soulager. J’avais un écu ; mais, ajouta-t-il en tâtant ses poches, j’ai dépensé mon dernier schelling pour ces mauvais gâteaux qui m’ont fait mal. Ah ! je voudrais bien avoir mon schelling ; maintenant je le donnerais de bon cœur à ces pauvres gens. »

Benjamin gardait le silence. Il n’était pas moins touché de compassion que son cousin. Seulement il y avait une différence dans les douleur des deux jeunes gens.

Henri était à peine remonté dans la voiture qu’il avait oublié le spectacle de misère auquel il venait d’assister ; la vue des charmants magasins de Windstreet et la pensée de son costume l’absorbaient tout entier.