Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/288

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Tattle. « Mlle Thérèse Tattle est-elle là ?… Oui, Mlle Thérèse est ici… Mlle Thérèse n’y est pas. »

Personne aux eaux ne menait une vie aussi agitée que Mlle Tattle. Personne n’avait d’aussi nombreuses connaissances. Elle prenait note de tous les nouveaux venus. Elle commentait régulièrement les listes des souscripteurs de bals, de concerts et de lectures. Sans jamais rien lire autre chose, l’esprit libre de soucis domestiques, elle meublait sa mémoire de la nomenclature des naissances, des décès et des mariages. Elle savait toutes les anecdotes amusantes, instructives ou scandaleuses qui sont indispensables à la conversation des eaux et essentielles à celle qui veut avoir la réputation d’une « femme aimable. » C’est ainsi qu’on désignait Mlle Thérèse Tattle.

Dès que cette aimable personne eut appris qu’une famille distinguée venait de s’installer au premier étage, elle fit tout au monde pour lier connaissance avec les nouveaux arrivés. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour apprendre sur cette famille, en questionnant les domestiques, tout ce qu’elle désirait savoir. D’ailleurs le nom de Montagne seul aurait suffi pour lui faire désirer de s’introduire chez ses voisins. Elle commença par faire la cour à la petite Marianne. Ce furent d’abord des agacements, des sourires, des signes de tête, puis des mots gracieux jetés en passant. Ce ma-