Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/41

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Loveit couchait dans la même chambre que Hardy. Par précaution, Tarlton crut devoir enlever des poches de Loveit les pommes volées, afin que Hardy ne fut pas instruit de leur escapade, et il le fit avec tant d’habileté et si peu de bruit, que Loveit lui-même ne s’en aperçut pas. Il ne dormait pourtant pas ; les reproches de sa conscience l’agitaient ; il sentait qu’il n’avait pas assez de courage pour être bon, et que son manque de résolution l’avait seul conduit à faire partie de cette malheureuse expédition.

On s’étonnait que Hardy, avec toute sa pénétration, n’eût pas découvert le vol commis pendant la nuit ; mais Loveit, qui le connaissait mieux que les autres, ne fut pas longtemps à s’apercevoir qu’il n’était pas aussi ignorant qu’il voulait bien le paraître. Plusieurs fois il fut sur le point de confier à son ami toutes ses angoisses ; mais, fidèle à sa promesse, il préféra garder pour lui son chagrin et ses remords, et répondre toujours d’une manière évasive aux questions que lui adressait son ami.

C’était en vain qu’il demandait à Tarlton la permission de se confier à Hardy. Le mauvais sujet repoussait toujours sa demande et l’apostrophait en ces termes :

« J’étais loin de me douter que nous avions parmi nous un pareil faquin. Dis-lui tout ce que