Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/78

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tant. Sa tante m’en veut et ne peut me souffrir depuis le jour où j’ai vu le panier. »

Or, voici l’histoire de ce panier :

Mlle Pamfret, la gouvernante, avait laissé entendre plusieurs fois qu’une quantité prodigieuse d’objets avaient été enlevés à sa maîtresse ; elle ne parlait ordinairement de cela qu’au dîner, et en jetant sur Franklin des regards qui lui firent comprendre suffisamment qu’elle le soupçonnait. Les autres domestiques le regardaient aussi en souriant ; mais sa conscience était tranquille, et il ne s’affecta pas de ces injustes soupçons. »

On avait, un dimanche soir, servi sur la table un filet de bœuf assez fort. Le lundi, le filet avait disparu. Mlle Pamfret, ne pouvant contenir son indignation, demanda qu’on lui représentât immédiatement le filet de bœuf, ajoutant qu’elle voulait savoir où il était passé, et quel était celui des domestiques qui s’était rendu coupable de cette soustraction.

Elle parla avec véhémence ; mais le morceau de bœuf ne paraissait pas, lorsque Franklin, rappelant ses souvenirs, s’écria :

« Il me semble l’avoir vu dans un panier placé sur le garde-manger. »

La cuisinière fut atterrée et changea de couleur. La parole lui revint bientôt. Alors elle se tourna vers Franklin, et, d’une voix pleine de colère :