Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/8

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gens industrieux et rangés à s’établir sur ses terres. Il fit construire une rangée de jolies maisons recouvertes en ardoises. Puis il déclara son intention de les louer aux meilleurs fermiers qu’il pourrait trouver. L’avis en fut aussitôt publié dans toute la contrée. Mais M. Somerville, en demandant les meilleurs fermiers, n’entendait pas les plus forts enchérisseurs, et plusieurs de ceux qui avaient offert le prix le plus élevé furent tout surpris de voir leurs propositions rejetées. Parmi les gens ainsi évincés, il y avait un certain M. Cox, cabaretier de profession, qui ne jouissait pas d’une très-bonne réputation.

« N’en déplaise à votre honneur, dit-il à M. Somerville, je m’attendais, puisque j’ai offert un prix beaucoup plus élevé que tout autre, à ce que vous me loueriez la maison contiguë à celle de l’apothicaire. Ne vous en ai-je pas offert quinze guinées, et votre honneur ne l’a-t-elle pas donnée à un autre pour treize ?

— Mon honneur a fait cela, répondit M. Somerville d’un ton calme.

— Et, n’en déplaise à votre honneur, je ne sais ce que j’ai fait pour vous offenser. Il n’y a pas dans toute l’Irlande un homme que je servirais avec plus d’empressement. Voyons, voulez vous que je vienne à Cork demain chercher votre dernier mot ?