Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/85

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mille ; elle possédait beaucoup de vaisselle d’argent, et ces gens-là, qui étaient des voleurs de profession, voulaient s’en emparer. Ils accompagnèrent Tirebouchon jusqu’à la porte et l’engagèrent à revenir le lendemain soir. Leur intimité se resserra davantage. Un des voleurs proposa même au sommelier de lui prêter trois guinées pour payer ses dettes, ajoutant qu’il lui serait facile, s’il le voulait, d’en avoir beaucoup plus. Alors il lui dévoila le plan qu’ils avaient concerté, lui promettant la meilleure part du butin s’il consentait à les aider.

Le sommelier jouissait de la réputation d’un honnête homme, et il lui répugnait de faire quelque chose qui pût la ternir. Mais, pressé par ses compagnons, il but trois ou quatre grands verres de vin, et promit de garder le secret sur les propositions qu’on lui avait faites et de rendre réponse le lendemain.

Il était à moitié ivre, et, lorsqu’il passa près du lit de Félix, il ne voulut pas le réveiller, craignant de l’initier aux propositions des voleurs. Le matin, cependant, Félix lui demanda ce qu’il avait fait la veille, et Tirebouchon alarme éluda toutes ses questions, cherchant même sous diverses prétextes à l’éloigner. Le jeune garçon n’était pas disposé à garder le silence ; il fit donc comprendre à son compagnon qu’il avait été mis, lui aussi,