Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/94

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— Tu ne peux pas ? Alors, mon cher, tu n’iras pas au spectacle.

— Comme vous le voudrez, mais vous n’aurez pas la clef.

— Ne fais donc pas l’insolent, dit Félix. Ne vas-tu pas te croire un grand personnage parce que tu as une clef ?

— Laisse-le, dit Tirebouchon et ne parlons plus de lui ; quant à toi, Félix, tu viens toujours avec moi ?

— Oh ! certainement, car j’aime le spectacle par-dessus tout.

— Eh bien ! viens. »

Et le jeune hypocrite, s’approchant de Franklin, lui dit :

« Ne sois donc pas si obstiné ! Quel mal y a-t-il à ce que Tirebouchon ait la clef pendant quelques minutes ?

— Je ne dis pas qu’il y ait du mal ; mais je ne puis pas la lui prêter, parce que madame l’a défendu. J’ai promis de ne pas laisser sortir cette clef de mes mains, et M. Spencer m’a toujours dit que manquer à sa parole c’était un crime tout comme de voler. »

À ce mot de voler, Tirebouchon et Félix furent saisis d’une terreur secrète, et détournèrent aussitôt la conversation.

« Donne-moi la main, dit le sommelier, tu es un brave garçon.