Page:Edgeworth - L Absent tome 1.djvu/137

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Broadhurst accompagnait sa mère, car elle n’aimait point à sortir avec d’autres chaperons qu’elle ; il lui aurait été désagréable de demeurer seule chez elle, et il lui était au contraire fort agréable de passer ce temps avec son amie miss Nugent. En cela, elle était sans dessein, sans coquetterie : miss Broadhurst avait l’âme trop élevée, trop indépendante, pour s’abaisser à du manége de ce genre. Le jour de la fête, lors de son entrevue avec lord Colambre, elle avait cru le comprendre, et elle était persuadée qu’il l’avait comprise ; elle jugeait qu’il n’était pas d’inclination à lui faire la cour pour sa fortune, et qu’il avait reconnu qu’elle ne s’accommoderait pas d’un homme qui la rechercherait sans l’aimer véritablement. Elle avait deux ou trois ans de plus que lord Colambre, et savait très-bien qu’elle n’était pas une beauté ; mais elle avait le juste sentiment de son mé-