Page:Edgeworth - L Ennui.djvu/540

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le bonheur d’une jeune personne à qui il prenoit le plus vif intérêt. Je résolus de ne plus la voir, et pendant quelques semaines, fidèle à ma destination, je m’abstins de fréquenter la maison de lord Y***. Je regarde cette action comme la plus vertueuse dont je puisse me flatter ; c’est certainement le sacrifice le plus pénible que m’ait arraché le sentiment du devoir. Enfin, lord Y*** vint me voir un matin, et après m’avoir reproché ma disparition de la manière la plus amicale, il me déclara qu’il ne se contenteroit point des excuses bannales dont se payent les simples connoissances ; que son désir ardent de me voir heureux lui donnoit le droit d’exiger de moi une franchise parfaite. Je me sentis soulagé par ses encouragemens ; j’avouai clairement le motif de ma conduite. Il m’écouta sans étonnement et me dit :