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Page:Edmond-Mandey-La Vertu d Alfred-1924.djvu/3

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EDMOND MANDEY




LA VERTU D’ALFRED

i

La Lettre déchirée


Adrienne Rouchaud venait de s’éveiller.

Assise dans son lit, elle regardait complaisamment son visage que lui renvoyait la glace de l’armoire placée dans l’angle de la pièce et qu’elle pouvait facilement voir de sa couche.

Elle se détaillait elle-même, admirant la fraîcheur de son teint, la fermeté de ses seins découverts par la chemise chiffonnée pendant le sommeil, Elle souriait à l’image que reflétait le miroir, découvrant des dents blanches que ne déparait encore aucune aurification. Elle secouait la tête, étalant sur ses épaules ses beaux cheveux bruns dans lesquels elle n’avait remarqué encore aucun fil d’argent. Étirant ses bras dont elle considérait avec plaisir la rondeur, elle se murmurait à elle-même :

— Je suis toujours aussi belle.

Avoir trente ans, être veuve et riche, c’est-à-dire posséder ces deux biens si précieux entre tous : la liberté et la fortune, n’était-ce pas tout ce que pouvait désirer une jolie femme comme elle, pouvant plier la vie à tous ses caprices ?

Cependant, un pli barrait son front.

Elle poussa un long soupir :