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Page:Edmond-Mandey-La Vertu d Alfred-1924.djvu/34

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Mais, en y réfléchissant, elle s’était dit qu’après tout son neveu lui servirait pour affirmer que Julie était réellement sa sœur. Ce qui l’avait d’abord inquiétée, c’était de savoir comment elle s’y prendrait pour faire accepter au jeune homme de tenir ce rôle. C’est pourquoi elle s’était demandé dans la soirée : Comment le décider ?…

Or, son arrivée inattendue venant déranger les épanchements d’Alfred avec Julie lui avait fourni le prétexte qu’elle cherchait en vain.

Aussi avait-elle été beaucoup moins fâchée qu’elle ne le prétendait de l’aventure esquissée entre sa femme de chambre et son neveu, Elle n’avait pas été dupe et avait très bien compris que Julie avait mis beaucoup du sien pour se faire séduire par le jeune Alfred qu’Adrienne avait deviné très inexpérimenté en amour.

Mais l’occasion était trop favorable pour qu’elle n’en profitât pas. Alfred, à présent ferait tout ce qu’elle voudrait dans la crainte d’être renvoyé à ses parents avec une missive dénonçant le scandale qu’il avait provoqué.

— Pauvre Alfred ! disait Adrienne… Il est gentil tout de même, ce gosse-là.

Et elle s’endormit en savourant à l’avance sa vengeance, se représentant M. Paul Declaux, avocat distingué, fils de magistrat, conduisant à l’autel et à la mairie dans sa robe blanche de mariée, la fille de paysans beaucerons, qui avait été la femme de chambre de son ancienne maîtresse…

Pour une vengeance, c’était une vengeance.

Le tout était qu’elle réussit…

Le lendemain, en se levant, Adrienne s’asseyait devant son secrétaire, et, sur du papier mauve parfumé et marqué à son chiffre, elle écrivait la lettre suivante à Jeanne,

« Ma chère amie,

« Je ne veux pas attendre plus longtemps pour venir m’excuser de mon algarade d’hier. Deux amies comme nous ne doivent pas se fâcher pour une chose aussi futile que le caprice d’un homme.

« J’ai bien réfléchi. Entre Paul et moi, il y avait surtout