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Page:Edmond-Mandey-La Vertu d Alfred-1924.djvu/52

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Il n’y avait qu’une personne qui était furieuse naturellement, c’était Jeanne.

Elle ne croyait pas à une ruse d’Adrienne et ne supposait pas, tant cette comédie avait été bien jouée, que Paul ait pu être attiré dans un piège. Elle ne voyait qu’une chose, c’est qu’il avait voulu séduire la jeune fille et l’épousait à cause de son riche héritage… et surtout qu’elle était délaissée.

Elle espéra que peut-être elle pourrait encore empêcher le mariage et vint trouver Adrienne.

Celle-ci la reçut le sourire sur les lèvres, méditant ce vieil adage qui déclare que « la vengean un plat qui se mange froid ». Elle entendait non seulement le manger, mais le déguster…

Jeanne était dans un état de surexcitation extrême qui causa à son amie la plus grande satisfaction.

— Crois-tu que c’est possibl, une chose pareille ! disait-elle…

« Et toi, tu laisses faire cela… Tu laisses ton ancien amant épouser ta nièce !…

« C’est dégoutant !

— Tu trouves ?

— Tu n’as pas de sens moral !

— Vraiment ?

— Mais ça ne m’étonne pas… Toi, tu nous recevais bien ici tous les deux, après ce qui s’était passé…

— Et vous y veniez… Toi la première…

— Parce que je suis polie !… Mais si j’avais su comment cela devait finir je n’y aurais jamais mis les pieds !…

— Ah ! si on savait comment tout doit finir, on ne commencerait jamais rien. Ainsi, on éviterait de faire rencontrer son amant avec sa meilleure amie…

Jeanne resta bouche close.

— Évidemment. Tu viens ici, tu me fais une scène violente parce que Paul t’a quittée pour épouser ma nièce…

« Eh bien ! C’est tout naturel ! Paul était fatigué de toi, il en a pris une autre, voilà tout, comme il avait déjà fait, lorsqu’il était fatigué de moi ; il en avait déjà pris une autre,