Page:Edmond-Mandey-Le Deux Centieme-1910.djvu/3

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Un gamin du village, qui passait, fut hélé par la fenêtre et dépêché chez l’ancien militaire chargé de faire régner le bon ordre dans la commune.

Cependant, l’instituteur expliqua son idée : avoir un prisonnier, n’importe lequel, arrêté pour n’importe quoi ; bien se garder de lui demander aucune explication, l’enfermer dans le corps de garde jusqu’au lendemain matin et ne le délivrer, en lui faisant des excuses si besoin en était, qu’après l’expédition à la sous-préfecture des feuilles de recensement sur lesquelles on l’aurait fait figurer avec la mention : vagabond inconnu enfermé au corps de garde.

— Bravo ! s’écria le maire. Ça, c’est une idée ! D’autant plus que le garde champêtre étant complètement sourd, l’individu arrêté pourra protester tant qu’il voudra.

Lorsque le garde champêtre arriva, le maire était tout joyeux, et l’instituteur avait sur ses lèvres le sourire modeste de l’homme inspiré.

Le maire, d’une voix forte, ordonna :