Page:Edmond - Louis Blanc, 1882.djvu/31

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était impossible d’impliquer Louis Blanc, puisqu’il n’avait pas un seul instant quitté l’Assemblée, l’accusation relative au 15 mai fut reprise, et sous le coup de l’émotion produite par cette épouvantable lutte, l’Assemblée, se déjugeant, autorisa les poursuites. Les amis de Louis Blanc, à la fin de la séance, l’entourèrent et le conjurèrent de se dérober à l’arrestation. Il répondit par un refus formel et absolu. Mais voilà que tout d’un coup un de ses adversaires politiques les plus décidés, M. Daragon, se présenta à lui et dit :

« Monsieur, le soir où je vous ai vu, à peine échappé aux mains des assassins, venir à la tribune témoigner en faveur de votre ami Barbès, je vous ai voué une amitié que je vous supplie d’accepter. Ma voiture m’attend à la porte de l’Assemblée ; si vous avez confiance en moi, venez. »

La crainte de blesser un si noble cœur en lui montrant une défiance injurieuse fit sur Louis Blanc l’effet que n’avaient pu produire les supplications de ses amis. Il suivit son généreux protecteur, qui arrangea tout pour son départ. La réaction était victorieuse, et la route de l’exil venait de s’ouvrir pour les républicains.