Page:Edmond Haraucourt Cinq mille ans 1904.djvu/8

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La Parisienne, peu à peu s’était désintéressée de ce discours inintelligible pour elle. L’effort majeur de son attention se concentrait dans l’examen des touristes et de leurs vêtements, mais surtout dans la découverte des femmes qui, sans doute, se trouvaient là. Elle ne réussissait guère mieux dans cette recherche que dans la compréhension des propos scientifiques ; les poitrines assez indistinctement plates au-dessus des abdomens dilatés, les joues glabres ou rasées et généralement blafardes, bouffies, les fronts larges et dégarnis, les yeux cachés derrière des lunettes incolores ou teintées de gris verdâtres, tout unifiait les types, et aucune nuance un peu vive n’indiquait la velléité de quelque coquetterie.

Seule, la pêcheuse des grèves, qui, dans son exil sauvage, avait pu continuer à vivre selon la nature, conservait des instincts et des aspects de femme ; mais, après qu’elle eut longuement examiné les dames du Grand-Pays, elle se regarda, et, se voyant si différente de ce qu’étaient les autres, c’est-à-dire de ce qu’il faut être, elle prit honte de son vêtement, de ses mains nues, de son cou dégagé, des seins qui bombaient son cor-