Aller au contenu

Page:Edmond Haraucourt Le gorilloide 1904.djvu/5

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

puissions admettre. Car vous concevez bien qu’il nous soit loisible de dire : « La mer couvrait jadis le continent où nous sommes, et c’est elle qui l’a bâti, voici ses traces. » Mais il est moins facile d’aller étudier, à d’énormes profondeurs sous-marines, les vestiges d’une ancienne vie terrestre. Et si nous constatons expérimentalement que partout où la terre est, la mer fut, nous ne pouvons constater par la même méthode que la terre surgissait là où la mer se creuse : nous pouvons du moins le supposer, par analogie. Les continents ont de ces vicissitudes. Nul n’ignore que, depuis la création du globe, toute terre actuellement visible et connue fut tour à tour abandonnée, reprise, laissée de nouveau par la mer qui revenait ensuite l’occuper, et les couches successives de l’écorce terrestre sont là pour certifier cette perpétuelle alternance.

Donc qu’une Europe, ou Europide, ait existé, cela est probable. On peut même estimer que, dans une certaine mesure, la découverte du Gorilloïde rapporté par nous, est un nouvel argument en faveur de cette thèse.

En effet, messieurs, une constante harmonie règne dans la nature entre toutes les manifestations diverses de la vie : les animaux, aussi bien que les végétaux, sont les uns et les autres dans un rapport direct avec le milieu qu’ils habitent ; vous le savez : les espèces, animales ou végétales, correspondent aux climats de leur pays respectifs, s’y approprient, le dénoncent en quelque