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Page:Edmond Haraucourt point-d-honneur 1900.djvu/3

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CONTES DE L’AVENIR

LE POINT D’HONNEUR
Par EDMOND HARAUCOURT
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Dès les premières années du xxe siècle, les duels se faisaient rares. On ne considérait plus comme un devoir social d’égorger une créature vivante pour la punir d’un malentendu : cette conception héréditaire du meurtre par honneur s’accordait peu désormais avec les scepticismes de la philosophie moderne, et, surannée depuis la Révolution, elle semblait déjà vaguement ridicule.

Il convient d’ajouter que la terrible crise de 1902, qui avait tant versé de sang, porta les esprits à une forte réaction contre toute idée d’homicide et la génération nouvelle en demeura profondément impressionnée. Le respect de la vie devint un principe fondamental de la sociologie : tout le monde fut d’accord, pour ne plus tuer sans nécessité urgente, et les assassins se virent définitivement considérés comme atteints d’aberration par dégénérescence : la peine capitale, en 1918, fut supprimée du code pénal ; depuis quelques années d’ailleurs elle n’était plus qu’une formule théorique et qui n’épouvantait