Page:Edmond Mandey L amant de Gaby, 1924.djvu/18

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— Et une belle correction, croyez-le, appuya la tante. Je suis arrivée juste à temps pour voir le triste bonhomme s’en aller la main sur les yeux qui avaient vu trente-six chandelles… grâce aux poings de monsieur… ?

— Roger Brémond, dit l’officier, répondant à l’interrogation de la tante et se souvenant que jusqu’ici officiellement, personne ne connaissait son nom.

Anselme Trivier se précipita, la main tendue, vers le lieutenant.

— Ah ! monsieur, fit-il. Comment vous remercier !… Que n’ai-je été là pour corriger moi-même cet insolent ! Mais vous m’avez bien suppléé… Comme le doit tout homme de cœur…

Et Gaby, heureuse de cette manifestation spontanée de sympathie de son époux à l’égard de son amant, d’ajouter :

— Crois-tu que M. Brémond est si discret qu’il ne voulait pas venir jusqu’ici… Nous avons dû insister beaucoup pour qu’il nous accompagnât…

Il n’en fallait pas plus pour exciter davantage le brave Anselme,

— Par exemple… s’écria celui-ci. Par exemple !… Ce n’était pas une chose à faire. J’aurais toujours ignoré quel était celui qui avait pris ainsi la défense de ma femme insultée, je n’aurais pas eu la joie de lui serrer la main, de lui dire combien je lui sais gré de son geste…

Au fond, Roger était plutôt mal à son aise… devant ce déluge de remerciements et de félicitations ; il voulut l’arrêter et protesta :

— Vraiment, dit-il, vous exagérez la portée d’un acte qui était tout naturel.

Mais Anselme était parti, rien ne pouvait l’arrêter. Nous l’avons dit : cet homme, froid et correct dans l’exercice de ses délicates fonctions était, dans la vie ordinaire, des plus communicatifs. On n’eût pas dit qu’il s’agissait du même personnage.

Il prodigua à Roger les plus grandes amabilités, l’assura même qu’il était presque heureux de l’incident qui avait provoqué son intervention puisqu’il avait eu finalement